La victimisation personnelle, mal du XXI ème siècle ?

S’apitoyer sur son sort est l’un des blocages psychologiques les plus importants que nous puissions affronter en tant qu’individus.

Adopter un point de vue négatif (voir le verre plutôt vide) recèle un certain degré de fatalisme et de pessimisme dans les actes de sa vie courante.

Cette posture (position de vie dirait Eric Berne en Analyse transactionnelle) débouche à terme sur un chemin de vie, un scénario de vie, où nous voyons bien où il va déboucher : l’échec, la frustration, le désespoir, la haine, la révolte.

La victimisation, c’est en quelque sorte : Tout est de la faute des autres, j’ai pas de chance, la vie est injuste…

Il s’agit en fait d’une blessure de l’ego largement néfaste, avec une incapacité à s’interroger : En quoi je peux lâcher-prise ? En quoi je suis responsable ?

La victimisation, ce sont les autres qui me rendent malheureux, triste, pauvre, en colère, ce sont les autres qui sont responsables de ma douleur et de ma souffrance.

Mais la victimisation a d’autres atouts plus profonds :

Elle permet de trouver des excuses, des paravents, des justifications à mes échecs, pour justifier mes carences, mes manquements.

En persistant à vouloir que les autres résolvent mes problèmes et mes propres manques, mes attentes et exigences risquent comme un désir sans fin ne jamais être comblées et me faire dépendre des autres jusqu’à la fin de mes jours.

Ces croyances là sont erronées, et me limitent dans mon ouverture d’esprit et ma capacité à trouver moi-même mes propres solutions, et à reprendre le contrôle de ma vie, ma liberté individuelle.

La victimisation est destructrice car elle reporte sur l’autre ma propre responsabilité et justifie mes lacunes tout en les entretenant.

Oser regarder en face sa part de responsabilité, oser sortir de sa zone de confort limitée à la révolte et la revendication, pour reprendre le controle de sa vie et redevenir libre, redevenir lucide et constructif, redevenir bienveillant et acteur de sa vie, se satisfaire de ses besoins et travailler à l’évolution de sa propre vie, garder en tête des valeurs comme la fraternité, la bienveillance, l’entraide, la responsabilité individuelle…

La victimisation est un obstacle aux relations authentiques.

Quitter le déni pour la révélation, travailler ses croyances et ses blocages, se libérer de sa révolte intérieure, aspirer à la joie simple de Spinoza et non à des passions tristes, voilà un nouveau scénario de vie que chacun peut décider de prendre en conscience pour écrire un nouveau karma*.

*karma : notion désignant communément le cycle des causes et des conséquences liées à l’existence des êtres sensibles. Il est alors la somme de ce qu’un individu a fait, est en train de faire ou fera.

 

 

 

Source : Blog psychologie

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3 Comments

  1. Odile

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    D accord avec tout ça, cependant comment vous positionnez vous par rapport aux injustices sociales ? Y a t il de saines révoltes, pour vous ?

    • Suzanne Chassé

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      L’injustice est partout si on veut la voir. Le processus de victimisation peut être tout autant collectif qu’individuel.

  2. Philippe Moret

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    Comme disait Stéphane Hessel : « Indignez vous ». Certains lui ont reproché ce cri de révolte, stérile s’il n’est pas associé à l’action et à l’engagement. Se révolter contre l’injustice et les injustices, c’est refuser en effet d’être une victime du système. Mais la révolte et l’indignation peuvent rester stériles si elles se cantonnent à un cri, un rejet, un refus, une violence. Ce que Spinoza appelle « Les passions tristes ». La victimisation, c’est ne pas vouloir reconnaitre sa part de responsabilité dans ce que je vis, dans ce qui m’arrive, comme si la politique, la société, les autres pouvaient et devaient me trouver des solutions. Je citerai Soeur Emmanuelle- 100 ans en 2008- : « Être adulte, c’est être seul, le savoir et l’accepter. C’est admettre qu’on est responsable de sa vie, de ses actes, de ses choix. Ne pas incriminer les autres, le destin, la chance ou la malchance. Même s’ils existent. »
    Et en effet le processus de victimisation peut être tout autant collectif qu’individuel.

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