S’apitoyer sur son sort est l’un des blocages psychologiques les plus importants que nous puissions affronter en tant qu’individus.
Adopter un point de vue négatif (voir le verre plutôt vide) recèle un certain degré de fatalisme et de pessimisme dans les actes de sa vie courante.
Cette posture (position de vie dirait Eric Berne en Analyse transactionnelle) débouche à terme sur un chemin de vie, un scénario de vie, où nous voyons bien où il va déboucher : l’échec, la frustration, le désespoir, la haine, la révolte.
La victimisation, c’est en quelque sorte : Tout est de la faute des autres, j’ai pas de chance, la vie est injuste…
Il s’agit en fait d’une blessure de l’ego largement néfaste, avec une incapacité à s’interroger : En quoi je peux lâcher-prise ? En quoi je suis responsable ?
La victimisation, ce sont les autres qui me rendent malheureux, triste, pauvre, en colère, ce sont les autres qui sont responsables de ma douleur et de ma souffrance.
Mais la victimisation a d’autres atouts plus profonds :
Elle permet de trouver des excuses, des paravents, des justifications à mes échecs, pour justifier mes carences, mes manquements.
En persistant à vouloir que les autres résolvent mes problèmes et mes propres manques, mes attentes et exigences risquent comme un désir sans fin ne jamais être comblées et me faire dépendre des autres jusqu’à la fin de mes jours.
Ces croyances là sont erronées, et me limitent dans mon ouverture d’esprit et ma capacité à trouver moi-même mes propres solutions, et à reprendre le contrôle de ma vie, ma liberté individuelle.
La victimisation est destructrice car elle reporte sur l’autre ma propre responsabilité et justifie mes lacunes tout en les entretenant.
Oser regarder en face sa part de responsabilité, oser sortir de sa zone de confort limitée à la révolte et la revendication, pour reprendre le controle de sa vie et redevenir libre, redevenir lucide et constructif, redevenir bienveillant et acteur de sa vie, se satisfaire de ses besoins et travailler à l’évolution de sa propre vie, garder en tête des valeurs comme la fraternité, la bienveillance, l’entraide, la responsabilité individuelle…
La victimisation est un obstacle aux relations authentiques.
Quitter le déni pour la révélation, travailler ses croyances et ses blocages, se libérer de sa révolte intérieure, aspirer à la joie simple de Spinoza et non à des passions tristes, voilà un nouveau scénario de vie que chacun peut décider de prendre en conscience pour écrire un nouveau karma*.
*karma : notion désignant communément le cycle des causes et des conséquences liées à l’existence des êtres sensibles. Il est alors la somme de ce qu’un individu a fait, est en train de faire ou fera.
Odile
Suzanne Chassé
Philippe Moret