Sartre écrivait : « L’enfer, c’est les autres ».
Cette phrase, O combien célèbre par sa force et sa puissance, a été souvent employée par beaucoup d’entre nous comme un défouloir, face à autrui envahissant, autrui et sa connerie humaine…
Cette phrase de Sartre clôture sa fameuse pièce de théâtre « Huis clos », et nous l’interprétons bien souvent à notre avantage et carrément dans un sens contradictoire, pour expliquer nos désagréments, nos réactions, nos comportements.
Dans « L’existentialisme est un humanisme », Jean Paul Sartre développe les idées que :
« l’homme est ce qu’il fait, il sera d’abord ce qu’il aura projeté d’etre. Ainsi, l’homme est responsable de ce qu’il est, et donc repose sur lui la responsabilité totale de son existence ».
Dans la phrase « L’enfer, c’est les autres », en effet autrui me dérange, me gène, m’indiffère, m’exaspère, car il me regarde, me juge, me fige dans une image et un etre qui n’est pas moi. Le regard d’autrui me fragilise, m’affaiblit, pour me pousser à n’exister que dans le regard extérieur qu’ont les gens sur moi.
Or, dans la responsabilité individuelle totale de chaque etre humain sur terre, la seule réponse est de se délivrer d’autrui, cet autrui réel et fictif, pour réintégrer son corps, sa tête, ses pensées, son âme, échapper à cet autre que j’autorise malgré moi et contre moi à prendre le pouvoir sur moi.
Fuir autrui pour se réapproprier soi même : c’est la conscience éclairée pour refuser et lutter contre ce subterfuge qui nous fait croire que les autres peuvent nous gouverner, nous influencer, nous diriger, et nous rendre heureux ou malheureux. Je ne suis rien sans les autres, mais les autres ne sont rien pour moi dans l’essence même de mon etre.
Loin d’etre déresponsabilisé, c’est bien en étant responsable de nos faits et gestes que nous arriverons à nous libérer des chaines extérieures, et qu’autrui cessera d’etre un bouc émissaire facile. Le chemin difficile et absolument salutaire pour son épanouissement, est donc bien d’assumer l’entière responsabilité de nos choix qui font notre vie.
Ainsi, nous devons considérer que ce que dit l’autre, ce que fait l’autre, qui nous blesse ou nous déstabilise, c’est qu’il touche une corde sensible en nous, de déjà meurtri, c’est qu’il réveille ou réactive une blessure ancienne, et qui devient insupportable. Ah l‘autre, pfff quelle plaie…
Ce n’est pas parce que quelqu’un dit ou fait quelque chose qui nous blesse, qu’il devient pour autant la cause de notre blessure.
Tous nos ressentiments, rancœurs, reproches sur les autres, sont des postures faciles nous illusionnant en croyant nous protéger de nos manques ou faiblesses, et en faisant reporter la responsabilité sur autrui. Mais en croyant que les autres sont responsables de notre souffrance, cela constitue une escroquerie à l’encontre de soi même. A l‘autre, pfff quelle plaie…
Aller vers le chemin de la connaissance de soi passe d’abord par une volonté, une envie, une prise de conscience. C’est le 1er pas. Ensuite, la seule prise de conscience ne suffit pas : il faut la conforter par une action, un engagement, la nécessité d’une mise en mots puis d’une mise en actes.
Vous ne pouvez pas transcender ce que vous ne connaissez pas : alors pour aller au delà de vous même et vers le meilleur de vous même, vous devez vous connaitre.
Une meilleure connaissance de soi, c’est tout simplement avoir la volonté de ne plus se laisser définir par l’autre.
Kémal El Bin